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Les chroniques de Gamelia

Les chroniques de Gamelia
21 août 2010

Prologue

L'atmosphère était plutôt douce pour une fin d'automne. Il avait plu pendant une semaine, mais le mauvais temps avait finalement laissé place au soleil depuis l'aube. Dorénavant couché, le climat était doux, et la légère humidité ambiante acheminait de la forêt voisine des parfums de mousse, d'herbe et de résine dans le village. Un événement se préparait : en effet, à cette heure tardive, le ciel était devenu noir depuis peu, et il n'était pas d'usage que tant d'enfants déambulent dans les rues se courant les uns après les autres, faisant exploser quelques pétards sous les réprimandes de leurs parents. Encore que de rues il était de meilleur aloi de parler de pontons. Le village n'était pas bien grand, la majeure partie des habitations étaient hissées sur pilotis, à côté de la plage de Comodo.

Etrangement, cette plage semblait, ce soir particulier, l'épicentre des directions dans lesquelles les promeneurs et enfants turbulents se déplaçaient. Sur cette plage, en plus des lampions et lanternes qui embrasaient quotidiennement les nuits d'un mauve foncé, une grande lumière orangée éclairait le sable clair. Autour d'un grand feu des dizaines de personnes de tous âges étaient réunies, dont les regards convergeaient en un seul point : le conteur. Un vieil homme aux cheveux hirsutes et décolorés, habillé comme un moine, tenait un vieux livre à la main, semblable à un grimoire. Son expression était à la fois amusée et fatiguée. Il faut dire qu'il n'avait pas pour habitude d'utiliser le service Kafra, préférant la marche à pied, plus longue, dangereuse, mais ô combien plus palpitante. Le vieil homme attendit que les derniers murmures s'évanouissent dans la nuit noire, puis commença, d'une voix rauque et enchanteresse.

"Mes amis, la nuit est maintenant à nous. Gardez vos oreilles grandes ouvertes jusqu'à la fin, car ce que vous allez entendre ici est l'histoire la plus extraordinaire qu'il soit. J'ai voyagé des dizaines d'années, vu des mondes qui dépassent l'entendement, affronté des monstres titanesques ! Mais aucune de ces histoires n'égale, en aventures, en drames, en rires et en intrigues, celle que je vais vous conter cette nuit. Certains d'entre vous seront peu aptes à l'entendre, n'y verrons qu'affabulations et enjolivements d'une épopée née de la fantasque imagination de quelque écrivain en manque de reconnaissance."

Il s'arrêta un moment, regardant à travers les yeux de tous ses auditeurs. Puis il amena son grimoire à hauteur de taille, en posant une main dessus.

"Je ne vous demanderais pas de me croire, cela serait vain."

Il eut un sourire malicieux en continuant son introduction.

"Je vous mets seulement en garde. Nos têtes refusent souvent l'inconcevable. Pourtant l'inconcevable fait partie intégrante de chaque seconde de nos existences. Et ce soir, de l'inconcevable, vous allez en entendre beaucoup. Je vous en prie, commençons !"

Il ouvrit alors son livre, et certains à qui la lumière était profitable, purent apercevoir le dessin qui ornait la couverture : une sphère noire sur laquelle semblait gravé un papillon mordoré.

Le conteur ouvrit la bouche, et entama les premiers mots de la première ligne des chroniques de Gamelia.


***

 

 

Num_riser0002"Raaah ! Par la bite de Satan !

- Maître Oswald, je vous en prie, surveillez votre langage !"

Maître Oswald resta silencieux quelques secondes, surpris de la réaction de son disciple, puis éclata d'un grand rire. Son apprenti, Goopil, semblait amusé aussi du juron inapproprié de son mentor. C'était une des fâcheuses manies de maître Oswald, ces jurons. Il travaillait sous la gouverne de la famille de Goopil. Celle-ci était, il faut l'avouer, issue d'une classe sociale assez aisée. Importante même. En relation directe avec la famille royale de Lightalzen. Une famille d'alchimistes, à vrai dire. Il était donc assez déplacé que le maître alchimiste ne puisse retenir ces phrasés impropres à leur condition. Mais maitre Oswald n'en avait cure. Son talent était au-dessus des conditions depuis 120 ans. La situation avait quelque chose de surréaliste en effet. Il faut dire que maître Oswald était mort depuis une vingtaine d'années, et avait l'apparence d'un soldier skeleton emmitouflé d'une cape. Goopil, en passe de devenir Creator, savait le pourquoi d'une telle situation. Une expérience, que seuls les plus grands alchimistes étaient capables de réaliser. Ils appelaient cela "la prolongation de l'âme". Mais le terme n'était pas tellement approprié. Il s'agissait d'une sorte de pacte effectué avec l'enfer, permettant à l'être l'ayant réalisé de prolonger son existence sous une autre forme, fantomatique ou squelettique. Mais le pacte avait un prix : celui de la santé mentale. Au cours des années, la noirceur gagnait petit à petit l'âme du pactisant, le transformant peu à peu en être démoniaque. C'était aussi une expérience risquée. Tout le monde avait connaissance des résultats d'une expérience (massive) ratée dans les laboratoires de Lightalzen.

Voilà pourquoi Goopil avait simplement souri à l'injure de maître Oswald. Quelques années auparavant seulement, il aurait ri aux éclats, mais dorénavant, il ne savait pas exactement si ce juron était le fruit de son outrecuidance naturelle ou le fruit de sa transformation.

"Ah là là, dit Oswald. A chaque fois que j'ai l'impression d'approcher du but tout semble échouer à nouveau. On dirait que la vie se joue de moi."

Oswald dit cette dernière phrase à Goopil en souriant, posant deux fioles de couleur sombre sur son établi. C'était une des particularités du nouveau corps du maître. Bien que squelettique, son faciès était aussi expressif que celui d'un être humain. Les arcades bougeaient comme des sourcils, la mâchoire se mouvait comme une bouche.

Goopil restait silencieux en le regardant. Oswald aussi. Ils se connaissaient parfaitement, ayant passé des centaines d'heures à travailler ensemble, et la formation de Goopil était quasiment terminée dorénavant. Ils n'avaient parfois pas besoin de se parler pour se comprendre. C'est donc d'un regard silencieux qu'Oswald demanda à son apprenti ce qui n'allait pas.

"Je suppose… répondit celui ci à haute voix, que je dois être satisfait que ma formation se termine dans peu de temps."

Oswald sourit tristement.

"Je commence à te faire peur, c'est ça ?

- Pas encore, mais je pense que ce jour se rapproche en effet".

Oswald soupira. En effet, la transformation d'Oswald commençait à avoir quelque chose de malsain. Le maître se reprit, s'approcha de la table de travail de Goopil, et s'assit sur une chaise. La conversation qui allait suivre resterait à jamais gravée dans la mémoire du futur creator.

"Je comprends, reprit il, je commence à le sentir aussi tu sais. J'aurais aimé avoir déjà terminé."

Goopil savait plus ou moins à quoi il faisait allusion. Son maître avait passé la fin de sa vie (et son après-vie) à faire des recherches dans un seul but. Mais ce but était inconnu de tous, et semblait pire qu'une obsession. C'est cette obsession qui l'avait poussé à faire la "prolongation de l'âme".

"Je n'ai plus rien à t'apprendre tu le sais tout autant que moi. Tu as dorénavant tes propres obsessions n'est-ce pas ?"

Goopil se retint de détourner le regard, son maître avait vu juste, et il n'en était pas surpris outre mesure.

"Je tiens néanmoins, pendant que je suis encore pleinement maître de mes actes, à te partager une information capitale. Une information que tu devras garder en vue toute ta vie. Je te connais assez bien pour savoir que si tu es devenu creator…

- Pas encore.

- C'est tout comme, tu aurais pu passer l'examen il y a déjà deux ans de cela. Bref, ne m'interromps pas. Je disais que si tu es devenu creator, ce n'est pas par filiation. C'est par passion. Tu veux tout savoir, comprendre comment les choses sont faites. Connaître les mécanismes sous-jacents de la nature, de la vie. Et cela te travaille jusque tard dans la nuit. Me trompe-je ?

- Pas du tout.

- Voilà pourquoi il faut que je te partage ce secret. Ma situation de "prolongation de l'âme" me permet de voir parfois au-delà des choses, au-delà du temps. J'ai accès à des niveaux de conscience trop subtils pour les être vivants. Je suis mort tu vois. Ma réalité est différente de la tienne.

- Je conçois.

- Et dans ma réalité je sais une chose, et je le sais comme je respire.

- Tu ne respire pas vraiment en fait.

- Je sais.

- C'était une blague ?

- C'était une blague.

- Bien.

- Restons sérieux veux tu.

- Mais... Je l'étais.

- UN PEU DE RESPECT JEUNE EFFRONTE ! "

Maître Oswald partit d'un rire sonore avant de reprendre subitement, d'un air incroyablement grave.

"Le monde de Rune-midgard mourra.

- Vous voulez dire, dans l'absolu ? Comme toute chose meurt ?

- Oui mais pas seulement. Rune-midgard mourra. Et cela se passera de ton vivant."

Goopil resta silencieux quelques instants pour digérer l'information, avant de poser sa question :

"Cataclysme ? Guerre ?

- Rien de tout cela. Rune-midgard mourra, comme tu l'as dit, comme toute chose. Parce qu'elle DOIT mourir.

- Vieillesse ?

- Plus ou moins, as tu vraiment compris ?

- Rune-midgard mourra parce que son heure est venue ?

- EXACTEMENT ! Voilà l'expression que je cherchais. Son heure est venue.

- Et qu'est ce que ça à voir avec moi ?"

Maître Oswald sembla chercher ses mots en faisant grincer ses dents.

"Ma quête. Ma quête a été d'essayer de comprendre POURQUOI ! Pourquoi et comment une telle chose allait arriver. Mais il me semble que je n'y arriverais pas, quelque chose me dit que je deviendrais "noir" (c'était le terme utilisé pour parler de quelqu'un qui avait fait une "prolongation de l'âme" et qui avait sombré dans le démoniaque) avant d'avoir trouvé une réponse. Mais je me dis que peut être, peut être… toi qui a encore de la flamme, tu voudras savoir aussi… comprendre pourquoi une telle chose va arriver."

Goopil réfléchit un moment avant de répondre.

"Partagerez-vous les résultats de vos recherches avec moi ?

- Bien sûr que non.

- Vous m'avez donc, en quelque sorte, jeté un maléfice."

Maître Oswald sembla attendre que son apprenti continue. Ce qu'il fit.

"Vous saviez très bien qu'en m'informant de cette situation, je ne trouverais plus jamais le sommeil, et que je passerais sans doute ma vie à essayer, d'une manière ou d'une autre, de répondre à cette question, reprenant le flambeau à votre place.

- Oui."

Goopil sembla outragé.

"N'êtes vous pas déjà devenu un peu "noir", maître Oswald ?"

Le squelette eut un sourire malicieux, au sens où l'on pouvait entendre "malicieux" comme "issu du malin", du démon, révélant toutes ses dents jaunies :

"Peut-être".

 

 

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21 août 2010

Chapitre 01 : Fondation

Goopil était épuisé, éreinté, exténué… Bref, il en avait assez. Cela faisait deux jours que lui et son homonculus (Filir), ratissaient les couloirs d'orc donjon, à la recherche d'un emperium. C'était un minéral brillant assez rare, mais il arrivait quelquefois qu'un orc zombie en possède un dans sa besace. Mais Goopil semblait jouer de malchance depuis deux jours. C'est en époussetant sa tunique de creator bleu roi et or qu'il arriva à Prontera par service de téléportation. Le spectacle, comme à son habitude, le déprimait. Devant la grande fontaine de la place principale de la ville, sur les pavés blancs couvrant toute la cité, un attroupement de gens allaient, couraient et criaient en tous sens, dans un langage plus ou moins compréhensible. Il s'informa de l'heure et soupira en apprenant que son rendez vous avec Olia et Joke Doll n'était prévu que dans 3 heures. Il s'assit alors à l'ombre, refusant net la proposition d'un archer de passage qui demandait à ce qu'on l'aide à combattre des anubis. En d'autres termes, qu'il se prenne à sa place les mandales du monstre de sphinx pendant que celui ci lui envoyait ses minuscules fléchettes de débutant afin de devenir plus fort plus rapidement.

"Va taper du poring déjà, espèce d'assisté" Se dit-il à lui-même.

Une fois assis, il regardait ce qu'il appelait : les pubs ambulantes de Prontera. D'autres personnes assises qui soulevaient un grand écriteau informant de leurs besoins. Goopil n'avait rien contre, il avait lui même utilisé ces stratagèmes. La plupart du temps, les demandes concernaient la création d'équipes pour faire des expéditions à cured abbey (un donjon réputé mais lassant), ou concernaient la négociation de tel ou tel objet plutôt rare.

Un autre jour Goopil n'aurait même pas lu les écriteaux. Mais ce jour là, il en vit un qui n'était pas comme les autres.


Un prêtre efféminé, l'air triste, annonçait "Besoin d'aide pour farmer" (en clair, pour aller tuer en masse des monstres de petite envergure afin d'obtenir certains objets).

La demande étant plutôt originale, et Goopil n'ayant rien à faire pour les trois heures à venir, il alla se renseigner auprès de lui.

"Salut !

- Oh, bonjour !

- Que cherches-tu à obtenir ?

- Eh bien, il me faudrait 1200 corral reef.

- …"

Goopil resta ébahi un moment, devant l'ampleur de la tâche, puis reprit.


"Waw… et tu obtiens ça sur quoi ?

- Sur les penomena"

Les penomena étaient des sortes de gros coraux vivant dans les zones humides, aux tentacules dangereuses, ce qui n'en faisait pas des monstres particulièrement mortels non plus.

"Et tu n'arrive pas à les tuer ?

- Eh bien pas tellement. Je suis prêtre, et mon seul sort offensif est assez faible. Je met beaucoup de temps à les avoir, et qui plus est, si elles sont plus de deux, je ne m'en sors pas, elles m'empêchent de faire mes sorts correctement. Elles m'ont vaincues plusieurs fois déjà, et j'ai vraiment besoin de ces coral reef."

Goopil regarda le prêtre avec plus d'insistance. C'est vrai qu'il avait l'air plutôt de constitution chétive. Il avait le visage fin, et de longs cheveux gris et brillants. Avec sa robe noire et rose clair, de dos, on devait sans doute le prendre pour une fille.

"Bah, reprit il, allez, je n'ai rien à faire pour le moment, on va faire ça."

Bien mal lui en pris. Dans les lieux où les penomena existaient en grand nombre, elles étaient… eh bien… en grand nombre. La tâche n'était donc pas aussi aisée qu'il l'avait imaginée. En plus d'être solides, leurs tentacules finissaient parfois à immobiliser le haut prêtre et le creator, les inondant de coups. Qui plus est, tout butin des penomena ne comportait pas forcément un coral reef en son sein.

Au bout d'une heure à se battre dans les souterrains de l'horloge maudite d'aldebaran, ils firent une pause. Haletant, Goopil demanda :

"Dis moi heu…. comment t'appelles-tu déjà ?

- Clue.

- Alors dis moi Clue, pas que j'en ai marre hein, de toute façon j'ai du temps devant moi. C'est quand même un peu crevant cette histoire.

- Je sais. Imagine quand j'étais tout seul.

- Je voudrais savoir… à quoi ça va te servir exactement ces coraux ?

- Eh bien, à avoir le dress hat !

- Ah… et c'est bien ?

- C'est ultime ! Déjà tu peux mettre une carte dedans ! Une grosse défense magique. Ca donne un peu de force et d'intelligence en plus, et surtout, ça augmente l'efficacité du sort soin.

- Ah… mais… Ce qui compte c'est de soigner rapidement non ?  L'efficacité du sort soin…

- C'est un choix.

- Comment ça ?

- C'est ma façon de me différencier. Je veux avoir le sort de soin le plus puissant qui soit, et je serais le seul à le lancer. Tout mon équipement servira à atteindre ce but. C'est pas forcément le plus judicieux diront certains, mais c'est ma marque de fabrique."

Goopil éclata de rire. Clue recoiffa ses cheveux.

"Qu'y a t'il de si risible ?

- Oh non ne t'inquiètes pas je ne me moque pas. C'est juste que j'ai un gros point commun avec toi. J'ai mes petites obsessions aussi à ce niveau.

- Du genre ?

- Bah… j'en suis encore loin, je t'en parlerais un jour. Ca ressemble à quoi le dress hat ?

- A ça"

Clue tendit à Goopil une image du chapeau en question. Une sorte de haut de forme féminin orné d'une rose et s'attachant autour du cou avec deux rubans rouges.

"Ce qui est bien avec ce chapeau, c'est qu'en plus d'être puissant, il est vraiment classe."

Goopil n'ajouta rien, mais se dit intérieurement que vu la dégaine et les goûts du bonhomme, ses préférences sexuelles restaient encore à définir.

Ils continuèrent leur penomenicide pendant encore deux heures. Le compte des coral reef était encore loin, mais avait néanmoins beaucoup avancé. Goopil apprit à connaître Clue un peu plus et commença à réellement l'apprécier. Il était honnête, drôle, et surtout très reconnaissant. Tout ce qu'il attendait donc d'un être humain. En plus de cela, il faut avouer qu'il avait du talent. Il maîtrisait tous les sorts de soutien avec aisance, et jonglait avec les safety wall avec une facilité déconcertante. C'est quand ils furent de retour à Prontera, les vêtements sales leur collant le corps à cause de la transpiration, que Goopil lui fit une proposition.

"Dis moi Clue, tu songes à avoir une guilde ?


- Peut être oui. Ca dépend. Si je veux passer du temps avec des gens, je veux que ce soit des gens de bien.

- Olia, Joke Doll et moi nous comptons en créer une. Et nous sommes à la recherche de gens comme toi. Appréciables surtout pour ce qu'ils sont."

Les joues de Clue rosirent légèrement, accentuant encore son côté androgyne.

"Eh bien si jamais vous la créez je serais très honoré d'être votre premier guildien."

C'est sur ces mots qu'ils se saluèrent, et Goopil se dirigea vers la taverne de Prontera, légèrement aux sud est de la place. Une fois entré, une vague de parfums d'alcool et de tabac froid lui parvint aux narines. Il se fraya un chemin à travers quelques tablées d'ivrognes jusqu'à arriver à Olia. Celle-ci réarrangea sa chevelure noire, et ébouriffa ceux tout aussi noirs de Goopil dès que celui-ci s'assit à côté d'elle.

"Eh bien, dit elle, t'as l'air aussi frais que moi.


- Deux jours, non-stop. Et rien, que dalle. Joke Doll n'est pas là ?

- Est-ce surprenant ?

- Pas tellement.

- Je suis mauvaise langue, il est passé et est reparti aussitôt.

- Ah ! Toujours à vadrouiller quoi.

- Mais il nous a laissé un petit cadeau, tiens, je te laisse regarder."

Elle sortit alors de dessous la table un petit coffret, semblant peser une tonne, que Goopil entreprit d'ouvrir aussitôt. Au milieu du velours rouge, une pierre cristalline de couleur dorée brillait.

"Ah ! Aha ! Génial ! Il est pas souvent là mais au moins il sait se rendre utile !

- Oui…"

Goopil se retourna vers Olia, elle souriait mais semblait penser à autre chose.

"Un truc ne va pas."

C'était une affirmation. Olia soupira.


"Rien de grave, ne t'inquiète pas. C'est seulement que…  J'ai mon examen pour passer haute prêtresse dans 3 jours, et je suis toujours aussi nulle.

- Tu n'es pas nulle, tu es prêtresse déjà, donc tu ne peux pas dire ça.

- Et combien de fois j'ai échoué au test avant de le devenir, hein ? Hein ?

- 8 fois…

- Bon bah voilà.

- C'est quoi ton souci majeur ?

Il y en a plein. Je me perds dans mes incantations, je confonds tous les noms. J'arrive à créer un sanctuary au lieu de lancer blessing. T'y crois ça ? Et puis les safety wall, c'est mon pire cauchemar ! J'aide plus les ennemis que les alliés avec. Je vois pas comment je peux être prête pour dans trois jours"

Goopil réfléchit un moment.

"Tu sais, dit il, je connais quelqu'un qui peut peut-être t'aider".

 

***

 

Le lendemain, Clue les rejoignit à Payon, un petit ruban ocre dans les cheveux. Olia glissa à Goopil :

"Euh, tu penses comme moi qu'il est ce que je crois qu'il est ?


- Je pense que si tu pense est bien ce que je crois, alors tu crois que je pense que tu..opf, bof, laisse tomber."

Quand il fut à leur hauteur, Goopil lui dit :

"Sympa le ruban!

- Ah tu trouve, toi aussi ?

- Oui… Euh… Enfin, je suis quand même sûr qu'il existe de meilleurs chapeaux pour haut prêtre….

- Ah, tout à fait. Mais c'est grâce aux coral reef que j'ai peu faire celui là, alors je le porte quand même."


Goopil resta un moment sans rien dire avant de reprendre.

"Mais… Heu… C'était pas pour faire le dress hat ?

- Ah ! En fait non. Je me suis trompé. C'est d'autres objets qu'il fallait. Alors avec les coral reef j'ai fais ça."

Goopil et Olia restèrent consternés un moment puis c'est la prêtresse qui reprit pour briser le silence.

"Bon, alors on va où ?

- Le meilleur endroit pour apprendre à gérer les safety wall et les pneuma, c'est robot factory !"


Goopil douta au début, de l'entraînement fourni par Clue. Les alice et aliza, sortes de soubrettes-robot, qui peuplaient robot factory n'étaient pas des ennemis incroyablement coriaces. Le creator trouva l'entraînement légèrement trop gentillet. Il s'approchait d'une alice, la combattait pendant qu'Olia s'occupait des sorts de soutien et des safety wall. Certes l'exercice était déjà difficile pour elle, mais ne semblait pas pour autant la pousser dans ses derniers retranchements. A un moment, alors que Clue les regardait d'assez loin, Goopil lui fit la réflexion.

"Ah ! Répondit Clue. C'est normal ce n'est que l'échauffement ! Le plus gros du travail est d'apprendre à résister en même temps. Je crois que ce sera un très bon entraînement pour toi aussi Goopil, car tu manque cruellement de résistance.

- Que veux tu dire ?

- Tu vois la petite boule marron entre vous deux ?"


Goopil la voyait très bien. C'était un constant. Une petite boule quasi inoffensive mais qui explosait à la moindre attaque, faisant d'énormes dégâts.

"Oui et bien ? Ah… ah… non… tu vas pas faire ça ?

- HOLY LIGHT"

Une seconde après qu'Olia et Goopil eurent vainement tenté de s'enfuir, leurs corps gisaient à terre dans une flaque de sang, ainsi que le corps de l'homonculus du creator, qui ressemblait dorénavant à une dinde de Noël, à cause du sort offensif lancé par Clue sur le constant, le forçant à exploser sur ses deux amis.

"Resurrection !"

Leurs corps revinrent à la vie rapidement, et Clue les soigna immédiatement. Olia reprit :

 

" Enfoiré Clue ! T'aurais pu prévenir quand m…


- HOLY LIGHT !"

Il en alla ainsi, à ce rythme effréné, pendant un temps qui sembla durer des siècles pour Olia et Goopil. Clue semblait trouver un malin plaisir à faire exploser les constant sur eux, ce qui invita Olia à ne surtout pas imaginer quelles pourraient être ses pratiques sexuelles.

Au bout d'un moment, Clue s'arrêta sur un corps d'Alice fraîchement exterminé.

"AH ! Cria-t-il. JOIE !


- Quoi ? Demanda Goopil, un oeil au beurre noir et la mâchoire amochée.


- Euh rien, rien…"

Mais Goopil le vit cacher un objet dans sa robe.

"Cluuuuue ?"

Celui ci hésita un moment, puis, trop honnête pour mentir, révéla l'objet, un peu honteux.

"Bon, voilà."

Il révéla des small ribbons : des petits rubans rouges qui se mettaient dans les cheveux, que les alice pouvaient avoir sur elles, mais très, très rarement.

"Ah ! S'étonna Olia. Mais ça sert à faire le dress hat ça !

- Ah bon ?" Déclara faussement le haut prêtre.

Les yeux de Goopil et Olia étaient aussi injectés de sang que leurs blessures. C'est Olia qui mit fin à la discussion en voyant un constant se déplacer près de Clue.

"HOLY LIGHT"

 

***


Olia arriva d'un pas lourd devant la Kafra corporation. Une aura de colère semblait l'entourer. Goopil hésita à la questionner, de peur de subir un retour de flammes brûlant.

"Alors, ça s'est passé comment ?

- D'APRES TOI ?

- Loupé, hein ?"

Le regard d'Olia approuva rageusement. Oui elle avait loupé son examen. Encore un de plus. Son état d'esprit était exécrable. Elle travaillait bien plus que la majorité des prêtres depuis toujours, et n'en récoltait pas le quart des résultats. C'était sa vocation pourtant.

"Il te faut juste un peu plus de temps, c'est tout." Lui dit Goopil, semblant lire dans ses pensées.

Olia se calma. Oui. Goopil avait raison. Il lui fallait juste plus de temps. Mais cela restait irritant en soi, de ne jamais réussir du premier coup.

"Ce sera pour la prochaine fois" Confirma-t-elle.

Ils entrèrent donc. Et attendirent à l'accueil un long moment, que Joke Doll arrive.

Celui-ci entra en trombe avec une heure de retard. Le moine combattant aux vêtements blanc et rouge, et à la tignasse rubicond semblait essoufflé.

"Désolé, dit il. Et je suis grave à la bourre, je suis juste de passage. On fait ça vite."

L'employée Kafra se saisit donc de l'emperium, pendant que les trois amis posèrent leurs mains dessus. Après une incantation, le minéral disparut peu à peu sous leurs doigts dans une lumière bleu clair, laissant sur leurs corps un tatouage à la forme du logo de leur guilde : une sphère noire sur laquelle était gravé un papillon doré. Joke Doll sur la paume, Goopil sur l'avant bras droit, et Olia sur la cheville gauche.

Ils sortirent ensuite du bâtiment, Joke Doll le premier, en courant et disparaissant aussi vite qu'il était apparu. Clue les attendait.

"Ca y est ? Demanda celui ci.


- Oui, répondit Olia, il ne nous reste plus qu'à accomplir quelques hauts faits histoire d'officialiser la guilde et c'est bon. Mais on peut d'ores et déjà recruter."


Clue s'approcha donc afin d'être intégré à laguilde, et, après que Goopil eut récité l'incantation, le tatouage apparut en haut du bassin.

"Avez vous pensé à un point de chute ?" Demanda le haut prêtre.

Olia et Goopil se dévisagèrent un moment, l'air légèrement idiot.

***


Il devait être environ 5 heures du soir. Les trois compères étaient allongés sur des transats, au bord de la plage. Le soleil commençait à décliner et ses reflets miroitaient sur l'eau. Goopil était heureux de s'être procuré ses sunglasses slot.

"Alors ? Demanda Clue sous son parasol.

- Aaaah, ouais c'est vraiment bien, articula Olia, plongée depuis un moment dans une sorte de léthargie profonde.

- Brasilis, ouais, ouais. Renchérit Goopil. C'était vraiment une bonne idée Clue, je crois qu'on va adopter."

Quelques instants d'un silence méditatif seulement entrecoupé par le bruit des vaguelettes passèrent.

"Vous avez commencé à recruter ? Demanda le haut prêtre.

- Oui j'ai commencé, répondit Goopil. J'ai posté une annonce à Prontera.

- Alors ?

- Pas glorieux. Une seule réponse pour l'instant, mais je suis moyennement chaud. Un gars qui me harcèle pour entrer dans la guilde en me laissant le message "t'es là ? T'es là ? T'es là ?". Mais son écrit est pas terrible, donc ça me pousse pas tellement à m'engager auprès de lui.

- Tu as sa réponse sur toi ?

- Oui, tiens."

Goopil sortit un parchemin de sa poche qu'il lui tendit.

"Aaaah, mais je le connais lui ! S'exclama Clue en lisant le message. J'en ai entendu parler. Il paraît que c'est un escroc.

- Ah ouais ?

- Oui encore dernièrement, il a essayé d'arnaquer un wizard à la zone marchande en essayant de lui vendre des mithril magic manteau hors de prix.

- C'est quoi son nom ? Demanda Olia.

- Explosiaun."

 

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